Par Jacques Chamayou
Comme tous les dimanches matin, Péacha, la quarantaine rougissante et fumante, s'apprête pour son entretien physique, à traverser le canal en équilibre sur la poutre la plus haute du pont de fer,
construit dans les années 1880.
Péacha se souvient avoir entendu dire qu'il existait auparavant, le pont dit de Pietat, un ouvrage en bois qui enjambait le canal un peu à l'ouest des épanchoirs.
Ce pont faisait suite à un chemin issu de l'ancienne porte de Béziers (abreuvoir); chemin qui gravissait tout droit après avoir franchi le ruisseau de Saïsses (la Seine)... Bon courage chevaux et
bœufs.
… Donc Péacha se concentre, les yeux fermés en contrôlant lentement sa respiration. Passe alors Sénèque qui le voyant, lui dit, s'appuyant sur son vieux bâton : "Tu sais, Péacha, ce n'est pas
parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles"
Péacha ouvre un oeil, tourne sa tête puis de répondre : "Tu sais Sénèque ce qui est le plus difficile en ce moment pour moi ? Et bé, c'est d'oser me retenir de descendre de là-dessus pour venir
te faire bouffer ton bastarot !"