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Développer la coopération pour sauver la petite viticulture, 1ère partie : Années 1930, un marasme culturel

par Paul Albert


 

Malgré le rôle pionnier tenu par les voisins de Maraussan dès 1905, le mouvement coopératif a tardé à prendre son essor, particulièrement dans l’Hérault. Pourtant, alors que 26 caves seulement avaient vu le jour dans le département jusqu’en 1929, 83 y sont créées entre 1930 et 1939.En 1936, la cave et la distillerie de Capestang s’inscrivent dans cette dynamique.

 

Cruzy en 1933, Quarante, Saint Chinian en 1934, Capestang, Poilhes, Puisserguier en 1936, Cessenon, Montouliers en 1937…

 

Une floraison tardive mais spectaculaire qui ne peut pas être le fait du hasard.

 

 On a assez dit que le Biterrois et le Narbonnais ont bien plus tiré profit du phylloxéra qu’ils n’en ont pâti. Il est vrai que n’étant confrontés à la maladie que lorsque le remède était trouvé, ils ont pu bénéficier des prix de vente élevés consécutifs à la rareté du vin sur le marché et renouveler plus facilement leur vignoble. Le malheur des uns a donc fait pendant quelque temps le bonheur des autres.

 

On a mis plus longtemps à mesurer combien la manière dont le vignoble français s’est reconstitué était porteuse de bien des déconvenues.

 

En réponse à une demande pressante et devenue peu exigeante :

 

Le Languedoc (et d’abord ses grands domaines) a donné naissance à un vignoble de masse à gros rendements produisant un vin de consommation courante à bas prix.

 

On a pour un temps, fermé les yeux sur des pratiques jugées jusque -là frauduleuses, telles que le mouillage, la chaptalisation, l’utilisation de colorants, quand on ne les a pas autorisées. En 1880, une loi n’a-t-elle pas permis pour un temps, la fabrication de vin à partir de la fermentation de marcs ?

 

 

Surtout, en partant de l’idée que le vignoble européen ne pourrait pas se reconstituer, l’Etat a encouragé le développement d’un vignoble de substitution en Algérie. Or venant après les échecs de l’introduction des cultures du coton et de la canne à sucre, cette initiative a connu un succès spectaculaire.

 

Les manifestants de 1907 se sont focalisés sur la concurrence des vins artificiels et ont obtenu gain de cause sur ce point, ils n’ont pas pris assez garde que le danger provenait d’abord des vins algériens au prix de revient bien inférieur parce qu’obtenus sur d’immenses exploitations avec une main d’œuvre sous payée.

 

 

Face à eux, les vins du Languedoc, consommables en l’état, ne sont pas compétitifs. Ils sont de plus en plus coupés par le négoce avec des vins algériens.   

 

La situation est particulièrement mauvaise dans les années 30.

 

 

Le vignoble du Languedoc Roussillon n’a jamais été aussi étendu avec 490 000 ha.

 

« Le vignoble algérien avec ses 400 000 hectares de superficie est en voie de rattraper le vignoble languedocien. Le crédit ne manque pas outre-Méditerranée, pour financer les nouvelles plantations, notamment dans l’Oranie, où la frénésie viticole est à son paroxysme de 1929 à 1935. Au cours des années 1930, la production moyenne de l’Algérie double ! » écrit Geneviève Gavignaud-Fontaine.

 

Mais il faut ajouter aussi 15 M d’hl originaires d’Espagne, Italie, Portugal sous forme de de compensations consenties à ces pays pour faciliter les exportations de produits industriels.

 

Malgré une consommation « soutenue », le marché intérieur ne peut tout absorber.

 

Les grosses récoltes entrainent un effondrement des cours- Les petites épongent les stocks. Malgré cela, ils sont évalués à 10 M d’hl en 1930 et atteignent les 20 M d’hl à partir de 1935.

 

Tous les records sont battus lors des vendanges 1934 : 34 M d’hl en Languedoc-Roussillon, 22 M d’hl en Algérie, une production nationale des près de 80 M d’hl.

 

« Il ne s’agit plus d’engorgement, mais de débordements du marché vinicole. » Geneviève Gavignaud-Fontaine.

 

Sous l’impulsion d’Edouard Barthe, le député du vin, des solutions ont pourtant été recherchées :

 

·         Interdiction du coupage pour les vins étrangers

 

·         Campagnes de distillation

 

·         Encouragement à consommer le vin, « la plus saine et le plus hygiénique des boissons »

 

·         Taxation progressive des hauts rendements obtenus dans les « usines à vin ».

 

·         Limitation des plantations…

 

A suivre .....

 


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