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Hommage à Claude Lamur

par Jacques Chamayou


 

 

Claude Lamur s’en est allé. Il faisait partie des trois derniers hommes victimes à Capestang, de la rafle qui a suivi la tragédie de Fontjun en juin 44. A l’attention des nouveaux capestanais, nous avons évoqué en huit articles, au printemps dernier, ce douloureux épisode. Chacun pourra les trouver ou retrouver sur le blog de « Capestang plus de 1000 ans d’histoire ». Il suffit de cliquer sur l’onglet ‘Histoire contemporaine’ et de laisser défiler.

 

Né en février 1926, Claude n’avait que 18 ans le 9 juin 44. Il faisait partie des plus jeunes à être déportés en Allemagne et à être séparés des leurs, plongés dans un avenir des plus incertains. Dans une période actuelle où d’aucuns parlent de « dictature », de privation de liberté et de situation intenable pour la jeunesse, pourrions-nous relativiser en pensant ne serait-ce que quelques instants à ce que furent les très difficiles conditions de vie sous l’Occupation. Il est certainement utile de rappeler que suite au drame de Fontjun, la rafle à Capestang déporta en Allemagne le 9 juin, 179 hommes de 18 à 40 ans. Ils furent soumis au travail forcé. Un seul ne reviendra pas… Il s’appelait Lejbowicz. Avec les 5 morts au combat, et les 18 fusillés le 7 juin à Béziers, Capestang et son canton payèrent un lourd tribu pour que vive la liberté.

 

Claude était né à Poilhes. Sa mère gérait le café des Auberges, sis à proximité du feu de la cave coopérative, sur la route Minervoise. Jeune veuve, il fallait qu’elle élève seule Claude et son jeune frère Augustin. L’aîné, lui était d’ailleurs au moment de la rafle d’une aide précieuse dans la gestion de son établissement. Dynamique et avenante, votre serviteur avait pour elle une tendresse particulière. « Mama Tétin » s’était occupée de lui alors qu’il était tout jeune enfant, au cours d’une période bien sombre pour ses propres parents.

 

Au milieu des années 50, Claude avait suivi avec son épouse et leurs trois premiers enfants, son beau-frère, Maurice, dans la ville de Sète. L’Avenir Sportif Capestanais traversait une zone de turbulence. Sport et politique ne font jamais bon ménage. Une demi-douzaine de joueurs avait été attirée par les conditions de vie proposées par la société Saint-Raphaël. Son directeur voulait faire du club maritime, un élément phare du rugby languedocien. Si la plupart sont revenus assez rapidement, Maurice et Claude y ont posé définitivement leurs bagages, y fixant chacun leur famille. Clin d’œil de l’histoire (la petite), Michel l’un de ses gendres, originaire de Frontignan, fut l’un des avants de devoir des équipes de l’ASC, championnes de France en 82 et 83…

 

 

Claude Lamur s’est éteint la semaine dernière dans son lit, à la maison de retraite, rue de Metz. Il laisse le souvenir d'une bonne personne, affable et fort sympathique, toujours prompt à répandre la bonne humeur. Que son fils Guy, bien connu dans la localité, ses filles Danielle et Annie et son plus jeune fils Patrick, reçoivent ici nos plus sincères condoléances.