par Jacques Chamayou
Il était un modèle pour les jeunes rugbymen capestanais des années 60 et 70. Avec Albert Alary, ils ont certainement formé la meilleure paire de trois-quarts centres de l’ASC. Champions de France en 1950 à 18 ans avec leur copain Robert Roustit, ils ont fait tourner la tête aux défenses adverses de toute la région et même bien au-delà. Lucien Maynadier sur un terrain de rugby était un « esthète » pétri de classe. Le jeu de ligne où le cadrage est (… était) un des éléments prépondérants à la réussite collective, n’avait pas de secret pour lui.
En 1950, il aurait dû suivre son ami Albert et rejoindre les rangs de l’A S Béziers. Mais son père a posé son veto. « Ta place est à l’étal et au billot. Pas à Sauclières ».
Le père Maynadier va quand même lui accorder « un bon de sortie ». Il rejoindra les frères Alary et Gaston Bouïsset au R C Narbonne peu avant le milieu des années 50. Puis en 56, il jouera avec Capestang la fameuse finale contre les Landais de Parentis. Il terminera sa carrière en 1963 au poste de troisième ligne … une saison qui engendrera une frustration énorme au sein du club.
Lucien, c’était la passion du beau jeu. Très longtemps supporter de l’ASC, il s’enthousiasmait dans les tribunes pour une relance du fond du terrain ou pour une succession de passes millimétrées dans le jeu déployé. Il était peiné lorsque les Bleus de France bégayaient leur rugby. Mais au cours de la semaine qui suivait une belle victoire dans le tournoi, la boucherie résonnait de ses commentaires admiratifs pour les français … surtout ceux dont le maillot était floqué du 9 au 15. Et particulièrement les numéros 12 et 13.
La boucherie familiale… la dernière authentique qui reste sur le village. Lucien y a passé quasiment toute sa vie. Son sourire, son amabilité naturelle, sa silhouette toute en élégance, vont encore planer longtemps derrière le comptoir.
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