par Jacques Chamayou
Son sourire toujours malicieux va nous manquer. Robert Roustit s’est éteint à 92 ans. Il avait fait partie du groupe Champion de France Honneur en 1950. (4ème en haut en partant de la droite) Le
premier titre national pour l’ASC. Joueur polyvalent il occupait sans difficultés les postes de trois-quart ou de troisième ligne. Il aura tout fait dans les rangs du club. Depuis sa formation
dans les équipes de jeunes jusque dans l’encadrement de ces mêmes équipes autour des années 68/75. Et ce qu’il aura accompli en tant que dirigeant dès 1962 et
jusque tard dans les années 70 relève tout simplement de l’exemple. A la fois sur le terrain et à la salle de l’Avenir, avenue de la République, tout près de chez lui, il n’aura jamais compté son
temps pour que vive l’ASC.
A l’époque de l’achat de la vieille remise qui allait devenir le siège social du club, lui et ses copains dirigeants se sont employés plus que de mesure pour faire de ce lieu, une salle
polyvalente avant l’heure. Bals, lotos, réceptions, repas … Tel était à l’époque le dessein du club. Gagner en autonomie pour ne rien devoir à personne. Si le club de rugby a été l’un des tout
premiers de la région à entrer dans ses propres murs, c’est grâce à Robert et à ses amis. Bien des corps de métiers y étaient représentés. La peinture et la décoration étaient son domaine. Du
temps, ils y en ont consacré. De leur propre argent, ils en ont englouti également. Un engagement exceptionnel. De quoi réfléchir sur l’évolution des mentalités dans notre société …
Mais Robert restera avant tout un homme charnière dans la transmission de la passion du rugby. Il est d’une grande famille de joueurs. Léon son père, a été arbitre officiel après avoir porté haut
les couleurs rouge et noir de l’ASC. Oui c’était bien les couleurs capestanaises au tout début de l’existence du club. Voici cent ans, Léon avait créé le Biberon club, jetant ainsi les bases
d’une belle vitrine sportive. Léon en outre a été le 9 juin 1944, un des « papas » requis et déportés en Allemagne. Un des hommes mûrs contraints de partir en gardant à l’esprit, l’idée d’aider
bon nombre de très jeunes capestanais à passer cette dure épreuve.
Si Christine et Estelle sont nées trop tôt pour prétendre enfiler short et chaussettes, Kiki a fortement contribué à allonger la liste des « Roustit » joueurs en bleu et blanc. Bien sûr, François
l’a aidé un peu pour que leurs fils Benjamin et Joan puissent se hisser au niveau de leurs père et grand-père. Et Sébastien s’est longtemps affirmé depuis son tout jeune âge, ouvrant la voie à
son fils Alban. Lequel lui a apporté une ultime satisfaction voici quelques jours en décrochant avec ses partenaires de la sélection de l’Hérault le titre de champion d’Occitanie Cadets après
avoir obtenu le titre de champion de l’Hérault avec ses copains du village. Comme un dernier trophée lui revenant, symbole d’une magnifique flamme que Robert a longtemps entretenue, lui
l’extraordinaire passeur de quatre générations.
Le tableau ovale familial serait incomplet si nous ne parlions pas des deux fils d’Arlette, sa « petite » sœur et de Georges son époux. Marcel et Alain ont été deux magnifiques trois-quart
centres, palois d’origine, ayant évolué en Nationale. Le premier dans les rangs du stade Toulousain, battu en finale contre l’ASB en 1980. Le second, joueur puis entraîneur du SC Graulhet de la
grande époque, remplaçant en équipe de France du temps où le rugby ne se jouait qu’à XV. Tous ces descendants, Robert les portait dans son cœur. Sans forfanterie, tout en discrétion et en
humilité. Il était ainsi Robert.