Par Christine Espallargas et Bernard Cauquil
Le label « Commune Halte de Compostelle » attribué en juin 2024 à Capestang par l’Agence Française des Chemins de Compostelle, témoigne de la capacité de la commune à offrir une qualité d’accueil et d’hébergement aux pèlerins. Mais ce n’est pas que cela.
C’est aussi la reconnaissance de l’histoire du chemin de St Jacques à Capestang, histoire longtemps oubliée. Attestée par de nombreuses sources, dont certaines ont plus de huit cents ans, l’historicité du chemin est incontestable.
D’après l’inventaire des actes et documents de l’archevêché de Narbonne, dressé en 1639 par le notaire Antoine Roque, le chemin de St Jacques à Capestang est cité dans différents actes notariés du XIIIe siècle. Ces actes rédigés entre 1213 et 1253, au Moyen-Age, situent le chemin historique en différents endroits de la ville et de son territoire : quartier St-Just, à Roubian, au chemin de Poilhes, à Courtolive et à proximité de boutiques en plein cœur de ville, près de l’église[1]
Capestang est aussi citée dans plusieurs récits de voyage de pèlerins : en 1350 par un marchand vénitien anonyme ; en 1380 par un pèlerin italien ; en 1472 par le florentin Francesco Piccardi ; en 1488 par Jean de Tournai, marchand de Valenciennes ; en 1495 et 1499 par des allemands Herman Künig Von Vach et Arnold Von Harff ; en 1539, par Bartolomeo Fontana ; en 1670 par Domenico Laffi, qui évoque Capestang et le canal du midi en construction ; en 1717 par Lorenzo Buoanafede, un italien qui cite le pont de pierre[2].
Le chemin de Saint-Jacques de Compostelle appartient incontestablement à notre patrimoine historique au même titre que la collégiale Saint-Etienne, le château des archevêques de Narbonne et l’ancien hôpital Saint-Jacques. C’est un héritage qu’il faut défendre, valoriser, faire connaître et transmettre aux générations futures.
Le tracé historique, qui traversait le cœur de ville, de la porte de Béziers à l’est, à proximité de l’hôpital St Jacques, jusqu’à la porte de Carcassonne à l’ouest, en passant devant la collégiale St Etienne, diffère de l’itinéraire contemporain, le GR 78, chemin du piémont pyrénéen plus adapté à la pratique du pèlerinage du XXIe siècle.
Mais cette différence ne constitue pas une perte de valeur patrimoniale, bien au contraire. Aujourd’hui le GR 78 répond à l’engouement de nouveaux publics et à de nouvelles aspirations : tourisme durable, défi sportif, dépassement de soi-même, quête de sens, spiritualité…
Capestang doit aujourd'hui se réapproprier ce patrimoine culturel, matériel et immatériel, oublié pendant des siècles. Au-delà de l’accueil des pèlerins, des actions de médiation culturelle et artistique restent à imaginer dans les prochaines années, pour fédérer les capestanais autour de valeurs universelles telles que le partage, la solidarité, la rencontre de cultures différentes…
[1] Inventaire Roque, tome IV, notices n° 244, 247, 251, 291, 292, 457, 462, datées de 1213,1215, 1224, 1226, 1253
[2] Le voyage de Compostelle du Xe au XXe siècle, par Adeline Rucquoi, Directrice de recherche CNRS, ed. R. Laffont, 2018
Chemin du piémont pyrénéen, GR78, de Capestang à Saliès
L'ITINERAIRE Béziers/ Carcassonne parcourt 100 kms en 5 étapes :
- Béziers/Capestang 21 kms
- Capestang/ Pouzols Minervois 27 kms
- Pouzols Minervois/Rieux Minervois 25 kms
- Rieux Minervois/ Malves en Minervois 16 km
- Mauves en Minervois/ Carcassonne 15 kms