Petite Histoire de Capestang


 

La commune doit son nom à un étang dont la cuvette a été creusée par l’érosion éolienne durant la dernière période froide du quaternaire. Lors du réchauffement climatique qui lui a succédé, la montée des eaux l’a annexé à un golfe marin dont le comblement est déjà amorcé dès la protohistoire.

 

 

Un riche passé lointain

 

A deux pas de l’oppidum celtibère d’Ensérune et de la nécropole de Puisserguier, traversé par la voie Héracléenne, ce territoire a été très tôt un lieu de passage et de brassage.

 

 

 A l’issue de la conquête romaine en 122 av-JC. Il se trouve à la charnière des colonies de Narbonne et de Béziers et la vieille voie héracléenne, aménagée en voie Domitienne, traverse l’étang sur un viaduc de plus de 1300m de long, le Pontserme. Sa cadastration permet d’organiser la distribution de terres à des légionnaires vétérans. Les multiples tessons d’amphores pour le transport du vin, de dolia pour sa conservation, montrent que la vigne y était déjà bien présente. 45 sites archéologiques de villas ou de simples fermes ont été repérés et aujourd’hui encore, certains d’entre eux sont occupés par de grands domaines : les « campagnes ».

 

Les ressources économiques de l’étang et en particulier ses salines, ne sont pas étrangères à cette forte densité de l’habitat. L’exploitation du sel était sûrement présente dès l’époque romaine, même si elle n’est attestée qu’au IXème siècle alors qu’elle attire les convoitises des seigneurs les plus puissants du voisinage. En 862, la villa Pégan appelée « caput stagni »  (tête de l’étang) est une possession de l’abbaye de St Chinian. C’est l’origine du nom du village.

 

 

XIe – XIVe : un village devenu une ville

 

Comme ailleurs dans la plaine, l’habitat se regroupe et un castrum voit le jour sur les premières hauteurs dominant l’étang. Il ne tarde pas à se développer.

 

Déjà, les vestiges d’une église du 1er art roman (XIème) dotée de trois nefs, font deviner un édifice de dimensions très respectables.

 

Les témoignages abondent ensuite d’une précoce montée en puissance : la constitution d’un consulat comme souvent en Languedoc, l’élévation de l’église paroissiale au rang de collégiale, les vestiges d’une maison romane (débuts XIIIe), la présence d’écoles, d’un hôpital… L’existence d’une communauté juive d’une trentaine de familles est avérée. Jusqu’à son expulsion du Royaume par Philippe le Bel en 1306, elle bénéficie de la protection de l’archevêque de Narbonne et certains de ses membres s’illustrent dans les controverses philosophiques et religieuses qui animent l’importante société juive languedocienne.

 

En 1222, en pleine croisade des Albigeois, c’est sous l’impulsion de Capestang qu’une vingtaine de villages du Biterrois se sont soulevés contre Narbonne. Cette expédition dont les causes ne sont pas clairement établies, est déjà une preuve de son rayonnement, payée au prix de l’excommunication et de la destruction de son enceinte. L’archevêque de Narbonne semble bien avoir saisi l’occasion de ces événements pour mettre fin aux prétentions des Gaucerand et s’imposer comme seul seigneur du lieu.

 

Vers 1340, avec 800 feux et sûrement autour de 4000 habitants, Capestang est une ville plus peuplée que Pézenas malgré ses foires ou Agde malgré son port et son évêché. Sa nouvelle enceinte se déroule sur 1500 mètres et comprend 5 portes. C’est à son archiprêtre Germain d’Alaigne que l’archevêque Bernard de Fargues a confié le soin de conduire l’inquisition contre les béguins. On sait qu’au moins trois hérétiques en 1319, six en 1320, y ont été brûlés.

 

Capestang est riche : Il y a bien sûr l’étang, ses poissons et le véritable or blanc qu’est le sel. Mais pas seulement !  Son terroir est fertile et son commerce actif. Son vignoble est en plein essor.

 

Comme il faut une église à l’image de cette prospérité, la construction d’une collégiale gothique aux proportions dignes d’une cathédrale, a été confiée à Jacques de Fauran. N’est-il pas au même moment, l’architecte de la 2ème campagne de St Just de Narbonne et du chevet de la cathédrale de Gérone ?   

                                 

 

Le temps des catastrophes : 1350-1450

 

Mais de cet ambitieux projet initial, seul le chœur a été construit et la façade ouest porte le spectaculaire témoignage d’un chantier brutalement et durablement interrompu.

 

 

La raison bien sûr réside dans la dégradation subite du contexte général 

 

-       La guerre de 100 ans n’a pas atteint directement Capestang. En 1355, le Prince Noir y effectue bien l’une de ses sinistres chevauchées, mais les Capestanais semblent avoir évité le pire contre la promesse, finalement non tenue du versement d’une rançon. Par contre la fiscalité infligée par le roi pour l’entretien de ses armées a lourdement pesé sur les budgets. En 1381, l’annonce de la venue du duc de Berry, lieutenant-général du Languedoc et oncle du roi mineur, a suffi à provoquer la révolte des « menutz » à Béziers. En résidence au château de Capestang, il y a reçu son rival Gaston Phoébus et attendu la fin de la révolte pour entrer dans la ville.

 

-        1348, la Peste Noire qui s’est abattue sur l’Europe, y revient encore en 1360. 

 

 

Mais Capestang, le Narbonnais, ont été particulièrement atteints :

 

-       Parce que l’épidémie est arrivée par les ports, elle a été très virulente en Narbonnais (8000 habitants à Narbonne en 1376 contre 30 000 au début du siècle)

 

-       Parce que personne ne voulant en acquitter les frais, les infrastructures n’ont plus été entretenues. Ainsi, en 1343, lors d’une de ses crues, l’Aude a abandonné l’étang de Bages pour se jeter dans celui de Vendres. Pour Narbonne c’est la ruine du port. Pour Capestang, à terme, celle de ses salines.

 

 

Dans ces conditions, les travaux de la collégiale n’ont repris qu’à minima au milieu du XVème. Tout à l’ouest, le mur roman est conservé ; une simple charpente coiffe la courte nef gothique. Pour remplacer le clocher roman sûrement en mauvais état, une terrasse est sacrifiée pour porter le nouveau clocher.  

 

 

Comment expliquer alors la splendeur des peintures du plafond du château qui sont elles aussi datées du milieu du XVème ?  Plus que de la prospérité d’une ville qui n’a pas retrouvé sa splendeur passée, c’est de l’opulence d’un grand prélat que ce plafond est le témoignage. Or la richesse de l’archevêché de Narbonne reste immense, l’une des toutes premières du Royaume. Quand l’économie locale était au mieux, Bernard de Fargues, très attaché à Capestang avait déjà commandité de grands travaux pour doter le tinel du château de belles fenêtres gothiques et d’un décor mural somptueux. En 1431, une assemblée des Etats du Languedoc a pu s’y dérouler.

 

En 1436, Jean d’Harcourt, représentant d’une grande famille normande, désigné archevêque de Narbonne dans un tout autre contexte, met si peu d’empressement à rejoindre son diocèse qu’il lui faut trois ans pour le faire. Après tout, il n’a à Capestang que l’un des 18 châteaux qui viennent de lui être attribués. Mais vers 1450, les plafonds peints sont au goût du jour et un grand seigneur doit tenir son rang.

 

 

Fin XV-milieu XVII : un mieux relatif

 

La reprise des travaux à la collégiale, l’embellissement du château sont malgré tout les signes d’un renouveau. Dans le centre ancien, certaines demeures cachent sous des aménagements XIXème, des preuves qu’il s’est poursuivi bien au-delà du milieu du XVème siècle.

 

Capestang a échappé aux dévastations des guerres de religion. Certes, il a fallu accueillir des garnisons et ce ne s’est pas fait sans frais ni sans dommages, mais le Narbonnais est demeuré « papiste » et la ligne de front n’a guère dépassé la vallée de l’Orb.  

 

En 1642, le roi Louis XIII a accordé la tenue de 2 foires de 8 jours l’une à partir du 1er lundi de carême, l’autre du 1er lundi de septembre ainsi qu’un marché le jeudi.

 

Avec 2200 communiants au milieu du XVIIème, la ville est pourtant loin d’avoir retrouvé son rang.

 

Le sel n’y est plus récolté. Son économie semble moins diversifiée, plus agricole. Les archevêques, moins présents, se désintéressent du château dont la chapelle tombe en ruines.                                        

 

 

Le retour des temps difficiles (fin XVIIe- milieu XVIIIe)

 

Si la fin du règne de Louis XIV est dans tout le royaume une période difficile à traverser, elle l’est plus encore pour les Capestanais.

 

 

L’étang, autrefois si précieux, n’est plus qu’un marais putride. Depuis le début du XVIIe, plusieurs campagnes d’asséchement se sont succédées sans grand succès afin de récupérer des terres arables et assainir le lieu. Dès l’arrivée de la saison chaude, les fièvres paludéennes sont responsables d’une effroyable surmortalité dont les enfants sont les premières victimes.

 

Ils sont d’autant plus sensibles à la série de catastrophes climatiques qui la caractérise : sècheresse des années 1680, terribles hivers de 1693 et 1709 (900 hectares d’oliviers gelés), crues répétées de l’étang, mais aussi de ce nouveau venu qu’est le canal royal. En 1715, 1728, 1740, 1766 encore, ses berges ont cédé et ses eaux se sont déversées sur le village. Les Capestanais de ce temps ne lui trouvent que des défauts : les infiltrations depuis cet ouvrage en surplomb gâtent de nombreuses parcelles dont les récoltes pourrissent ; la contribution obligatoire aux travaux d’entretien est mal acceptée et les ponts menacent ruine ; la traversée sous le canal de l’aqueduc de la source du Théron ne se fait pas sans dommage pour la qualité de l’eau…    

 

Dans ces conditions, l’augmentation de la pression fiscale y est particulièrement douloureuse. En Languedoc, le montant de la taille est calculé par communauté sans tenir compte ni de l’évolution des récoltes, ni de celle de la population. Or en 1740, malgré l’arrivée d’immigrés de la bordure montagneuse attirés par le manque de main d’œuvre, Capestang n’a plus que 500 habitants. Un misérable « village tombeau ». Ses murailles, de nombreuses maisons abandonnées sont en ruine et des terres laissées en friche plutôt que d’en acquitter l’impôt..

 

 

La situation s’améliore dans la deuxième moitié du XVIIIe : Les épanchoirs éloignent le risque de déversement du canal ; grâce à lui et au port de Sète, le vin, l’eau de vie du Languedoc surtout, peuvent être proposés aux nouveaux clients de l’Europe du Nord. Le réseau routier s’améliore. Depuis 1777 à Capestang, la route royale qui de Béziers conduit à Carcassonne, évite au sud, la difficile traversée du village. La tentation est grande de multiplier les parcelles de vignes. Même si l’administration royale, craignant un retour des pénuries, s’oppose longtemps à des plantations effectuées aux détriments des surfaces emblavées, elles progressent.

A la fin du siècle, la population avoisine les 1200 habitants.

 

Pourtant, en 1787, Thomas Jefferson en voyage sur le canal, ne juge pas utile d’y faire escale.

 

 

Le beau XIXe.

 

A l’image du Languedoc dans son ensemble, le village semble n’avoir vécu la Révolution qu’en se conformant à des événements impulsés depuis Paris. Elle n’en est pas moins un tournant majeur

 

Alors que l’arrivée du canal avait déjà précipité le déclin de Narbonne et de son port, la disparition de son archevêché et de sa seigneurie sur le village achève d’affaiblir l’influence de cette ville sur le village. Incorporée désormais au département de l’Hérault, de Quarante à Nissan, cette vieille zone charnière entre Narbonne et Béziers vient de clairement basculer dans le Biterrois.

 

La vente des biens nationaux permet à une bourgeoisie originaire des villes voisines qui déjà avait profité du faible coût des nombreuses terres laissées à l’abandon aux pires heures du XVIIIe, d’affermir son ascendant sur le village. C’est ainsi que le médecin Jean Lartigue peut faire l’acquisition du château.

 

Le triomphe du vignoble

 L’histoire du bas-Languedoc au XIXème est d’abord celle de l’effacement de la vieille polyculture méditerranéenne (blé- vigne-olivier) et d’un élevage ovin dominant face au triomphe d’un vignoble de plus en plus impérialiste et rémunérateur.

 Capestang est un des lieux où cette affirmation se vérifie le plus.  En effet, si la montée en puissance du vignoble s’est faite en trois temps, chaque fois, le village était parmi les mieux placés pour en tirer profit.

 

La première moitié du siècle a vu l’essor d’une viticulture tournée vers la production de trois-six. L’alambic d’Adam a apporté des progrès sensibles à la distillation. L’alcool peut y être produit de façon plus abondante et moins coûteuse. La navigation sur le canal est à son apogée et le port de Capestang a été réaménagé. Les marchés au trois-six de Béziers et Pézenas font autorité. Le village possède ses alambics. Ses notables sont distillateurs.

 

En 1857, le train arrive en gare de Nissan. Ce n’est pas si loin de Capestang. Désormais, c’est la conquête du marché national qui est promise aux vins locaux. A partir des années 1860, la production d’alcool est de plus en plus délaissée.  Des travaux de restauration à la collégiale, tels la réfection des toitures, la réparation du clocher, la refonte de cloches et surtout la commande des beaux vitraux du chœur au célèbre atelier Mauvernay, sont des témoignages de cette prospérité. La plupart ont été financés par de grands propriétaires.

 

Et le phylloxéra ? Autour de Capestang, il n’a pas été vécu comme une catastrophe, bien au contraire ! La maladie est apparue dans la vallée du Rhône en 1863, mais ensuite, elle ne s’est que lentement propagée de l’est vers l’ouest. Notre secteur n’a été concerné que vers 1880 ! Pendant tout ce temps, il a tiré profit des cours très élevés, engendrés par la pénurie. Les plantations ont été multipliées dans les zones inondables de l’étang afin d’obtenir de très hauts rendements tout en asphyxiant le puceron destructeur. Le renouvellement du vignoble par des ceps greffés sur plants américains et résistants au fléau a donc demandé moins de sacrifices financiers ici qu’ailleurs. Les propriétaires des grands domaines, aux alentours, y ont trouvé l’occasion de conforter leurs positions et de bâtir leurs châteaux. 

 

Le début d’une tradition politique

 

Ainsi, passés les troubles révolutionnaires, le village a globalement connu une belle période de prospérité. Pourtant, au milieu du siècle, le passage du 1er au 2ème vignoble de masse, s’est effectué dans la douleur. L’Europe a été secouée en 1846/ 1847, par une grave crise économique à la fois agricole et industrielle qui a compté dans le déclenchement des révolutions de 1848. En Languedoc, elle est venue s’ajouter à la surproduction d’eau de vie due à la concurrence victorieuse des alcools à bas prix, obtenus avec du sucre de betterave.  Ces difficultés sont largement à l’origine de la révolte des Capestanais contre le coup d’Etat de décembre 1851. Une révolte de la misère autant qu’une défense de la République que l’on souhaite plus attentive aux plus démunis.  Les Capestanais ont tenu une semaine et seule l’intervention de l’armée a pu vaincre leur résistance. Comme partout dans le pays, la répression a été très dure : 8 insurgés ont été déportés vers Cayenne, 41 l’ont été en Algérie.  Depuis, le village a conservé la mémoire de ce drame. Une tradition politique est née, plus tard ravivée par les luttes viticoles.

 

Une croissance démographique spectaculaire et continue

La viticulture au XIXème réclame une abondante main d’œuvre. La croissance spectaculaire de la population du village pendant cette période est une preuve éclatante de la bonne santé de son économie. Le recensement de 1800 lui attribue 1185 habitants, Mais en 1900, avec plus de 4000 habitants, Capestang talonne Marseillan, et n’est devancé ensuite dans l’arrondissement que par Béziers dont la population a triplé, Agde où elle a stagné, Bédarieux et Pézenas ou elle a diminué !

 

Cette croissance n’est due que partiellement à un excès de naissances sur les décès. Certes, Les fièvres, toujours présentes, exercent moins de ravages qu’au siècle précédent. Le village s’est débarrassé peu à peu de sa mauvaise réputation. Mais l’espoir d’accéder à la propriété, la crainte de la disperser, ont fait chuter la natalité.

 

C’est donc la balance migratoire qui a permis cette explosion démographique. Les régions de départ des migrants sont toujours celles que Max Derruau avait déjà relevées pour les XVII et XVIII ème siècles, mais les flux ont pris une ampleur exceptionnelle et d’ailleurs sans égale dans le Biterrois rural : En 1906, ils sont plus d’un millier à être nés sur la bordure montagneuse, avant tout les monts de Lacaune et leur périphérie ; mais les Pyrénées ariégeoises et andorranes et même le Lauragais, ont aussi fourni de gros contingents.

 Capestang n’a cependant pas totalement renoué avec son glorieux passé médiéval

 

Si à la veille de la peste noire, c’est incontestablement une ville, personne ne songe à ce qualificatif pour le Capestang de 1900. Son commerce n’assure que des fonctions banales et n’exerce guère d’attraction au-delà des limites communales. Son équipement administratif est celui d’un chef-lieu de canton, mais pas davantage.

Ce n’est qu’un des gros villages viticoles, très caractéristique de la campagne biterroise à cette époque.

 

Les déceptions du XXe

 

Comme ailleurs dans le Languedoc rural, l’histoire du XXème siècle est d’abord celle des difficultés récurrentes de la viticulture de masse.

 

En 1907, le village a été l’un des premiers à s’associer à la révolte vigneronne impulsée par les voisins d’Argeliers. Le 21 avril, le rassemblement de 15000 personnes à Capestang, a révélé la montée en puissance d’un mouvement désormais bien structuré. Le N°1 du journal « le tocsin » y a été distribué.

 

Confronté à l’effritement de ses revenus, le patronat comprime les salaires, supprime des travaux jugés superflus. Très tôt, des syndicats se constituent pour défendre les intérêts des nombreux ouvriers agricoles menacés par un chômage endémique. A Capestang, des conflits ont lieu en 1904, 1910, 1926 et surtout 1933. Cette année-là, plus de 1000 grévistes se sont opposés au syndicat patronal pendant 51 jours !

 

Heureusement, en 1936, la cave coopérative en s’inscrivant dans la grande vague de créations qui précède la guerre, permet aux nombreux petits propriétaires d’alléger les frais et les soucis de la vinification et de mieux vendre leur vin. Elle deviendra l’une des toutes premières du département.   

 

L’ancrage à gauche de la commune a été  conforté par les luttes viticoles

 

Jean Casamia  est le 1er maire socialiste en 1902 et pour plus de trente ans. Le drapeau rouge flotte au sommet du clocher à la surprise des visiteurs.  Le 7 juin 1944, le drame de Fontjun s’inscrit dans cette tradition. 10 des 23 résistants martyrs de l’embuscade et des fusillés du Champ de Mars étaient Capestanais et c’est dans ce village que 179 hommes ont été raflés en représailles. Deux concitoyens ont laissé leur vie dans un camp en raison de leurs idées politiques, un autre a été victime de l’antisémitisme. Tous ont une rue qui porte leur nom. Plus tard, de 1977 à 2001, la longue magistrature du député- maire Bernard Nayral va s’inscrire dans cette tradition.

 

 Un spectaculaire déclin démographique

Certes, à partir de 1914 et jusque dans les années 1920, l’immigration espagnole massive est venue remédier à la mobilisation générale, puis à l’hécatombe de la guerre. Dans les grands domaines, puis le village, les Murciens surtout, se sont substitués aux gavachs. Mais malgré la reprise de leur migration dans les années cinquante, l’apport de quelques rapatriés d’Afrique du Nord, en passant de plus de 4000 à 2500 habitants en 1975, le village a perdu 40% de sa population. Depuis les années trente, les départs se sont multipliés dans la population locale. Il se distingue certes par la qualité de sa vie associative tant sportive que culturelle, mais, même si la crise est générale dans le Biterrois rural, il est parmi les plus touchés.

 

L’éclosion d’un nouveau village : 1980…

Le village évidemment n’a pas échappé au grand chambardement qui caractérise notre époque !

 

-   Les primes d’arrachage, les investissements nécessaires à la plantation de cépages améliorateurs ont sonné le glas de la petite viticulture. Un nouveau vignoble est né, tourné vers la qualité, et dont les fers de lance se situent désormais dans les avant- monts. Comme ailleurs, les exploitants ne sont plus qu’une poignée et la viticulture ne rythme plus la vie de la communauté. (1968 : 43% des actifs dans l’agriculture – 2018 : 2,9%)

 

-    Une périurbanisation larvée a permis de retrouver la croissance démographique. De plus en plus si on habite Capestang on travaille ailleurs et on peut venir d’ailleurs pour y habiter. Depuis les années 70, les nouveaux quartiers pavillonnaires ont fait doubler la surface bâtie. (1968 : 153 pendulaires soit 15% des actifs- 2018 : 764 soit 63%).

 

-  Le canal du Midi, la proximité de la montagne et de la mer, l’ambiance méditerranéenne ont attiré des nouveaux venus de la France et de l’Europe du nord.

 

Mais le Biterrois, lui-même en crise, n’a pas été assez dynamique  pour donner naissance à une seconde couronne péri-urbaine sur son flanc ouest. Sur la façade méditerranéenne, ce n’est pas lui qui fait le plus rêver. Les richesses patrimoniales du village, la présence de l’étang, exigent des précautions particulières qui ont pu limiter la croissance.

 

Malgré leur ampleur, ces transformations ont donc été à Capestang, moins violentes qu’en bien d’autres lieux, et avec un centre toujours actif, le village, bien équipé, a pu conserver l’essentiel de son identité.  Mais si sa population a cru de 28% depuis 1975, avec 3273 habitants en 2018, il est bien loin d’avoir retrouvé les effectifs de 1900.

 

 Texte de Paul Albert (avril 2022) en téléchargement ci-dessous


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Petite Histoire de Capestang, par Paul Albert
Un condensé de l'Histoire de notre village, de l'origine à nos jours.
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